L’ouverture du mariage aux couples de même sexe a été soutenue à une large majorité par le Synode de l’EERS. Comme les couples de même sexe ne peuvent pas – sauf par adoption – devenir parents sans l’aide de la médecine reproductive, il se pose maintenant de nouvelles questions : à qui et de quelle manière doit-on rendre accessibles les mesures de médecine reproductive et leur permettre ainsi de fonder leur propre famille ?
Au vu de la portée politique et sociale des questions bioéthiques en jeu, le Conseil de l’EERS contribue au débat public par une étude approfondie. Sous la forme de 10 questions – 10 réponses, l’EERS propose aujourd’hui un résumé de cette étude. Il s’agit de contributions réformées sur des questions qui concernent en principe tous les couples qui souhaitent fonder une famille.
Pas de conflit entre Dieu et la médecine reproductive
Comment est-ce que le mariage est défini dans la tradition réformée ? Que signifie la « vie » en théologie biblique ? Comment est-ce les trois dimensions essentielles da la vie – biologique, biographique et créaturale – forment une unité ? C’est sur la base de ces questionnements que la publication développe des réflexions sur la naissance d’un enfant, sur son bien-être, sur la parentalité et les méthodes de procréation. Avec un constat fondamental : même à l’âge des technologies biomédicales, la conception, la grossesse et la naissance sont un miracle qui, aujourd’hui encore, excède nos compétences techniques et médicales et dépasse nos conceptions morales.
Dieu et la médecine reproductive ne sont donc pas en conflit. Dans une perspective de théologie biblique chaque enfant est un cadeau de Dieu, et l’action bénissante de Dieu se manifeste tout autant dans un enfant conçu et né grâce au soutien de la procréation médicalement assistée (PMA). Par contre, il n’en découle pas que le désir d’enfant peut toujours être exaucé.
L’engagement des parents est essentiel
Les biotechnologies rendent possibles des interventions médicales d’une profondeur jadis inconnue. Comme le droit ne protège la vie en devenir qu’à l’intérieur d’étroites frontières, tout dépend ici de la promesse des parents s’engageant à protéger la dignité et la liberté de l’enfant à naître. Chaque enfant a le droit de grandir dans le cadre social stable et fiable d’une famille, d’être reconnu juridiquement et sociétalement comme l’enfant de ses parents et de connaître son origine génétique et biologique. Si des couples recourent à la PMA pour choisir un enfant ou le conditionner génétiquement selon leurs propres intérêts, la dignité et la liberté des personnes à venir se voient limitées et bafouées. Dans de tels cas, ce n’est pourtant pas la procédure médicale en soi qui serait problématique, mais les intentions dans lesquelles on y a recours.
Surmonter les limitations défavorables à la parentalité de manière respectueuse
En Suisse, la loi fédérale sur la PMA limite le recours aux mesures de médecine reproductive aux couples qui ne peuvent pas procréer naturellement pour des raisons biologiques ou médicales. Les couples de même sexe en sont donc exclus. Le législateur justifie par le bien de l’enfant le principe voulant qu’on ne provoque pas artificiellement ce qui n’est pas possible naturellement. Or, les limites posées à la reproduction par la nature ne fournissent aucun motif qui puisse expliquer que le désir d’enfant insatisfait des couples de même sexe compterait moins que celui des couples de sexes différents. Le texte de l’EERS oppose une perspective de bénédiction à ce principe de naturalité qui ne veut admettre que ce qui se produit spontanément de manière naturelle. Car dans son action créatrice, Dieu ne dépasse pas seulement les limites de la nature. Il peut aussi offrir la parentalité là où les couples, en raison de leur constitution physique, ne peuvent pas se reproduire eux-mêmes sans aide médicale.
La procréation médicalement assistée moderne permet de surmonter des limitations naturelles et physiques défavorables à la parentalité. Il appartient à la politique et à la société de traiter ces possibilités de manière respectueuse et responsable.