P–Z, Professions–Zwingli

Métiers des protestants réfugiés à Genève suite aux persécutions consécutives aux premiers temps de la Réforme en France : armuriers, cardeurs, cordonniers, boulangers, drapiers, fondeurs, libraires, menuisiers, orfèvres, horlogers, serruriers, tailleurs, tisserands, tonneliers, bateleurs.

Zwingli organise chaque jour des cours où l’on étudie la Bible dans sa langue originelle (hébreu et grec), où on l’interprète et explique aux auditeurs. Ces séances nommées « Prophezey » se terminent par une prédication. Le travail réalisé aboutira à la publication d'une Bible en dialecte local en 1531, trois ans avant que Luther ne termine la parution de sa traduction en hochdeutsch.

Là où Luther affirme et juge, Calvin raisonne et argumente.

Pour les Réformés, c’est la sœur jumelle de la liberté.

« Ne vous mettez pas en travers de la parole de Dieu, car en vérité elle suivra son chemin aussi sûrement que le Rhin suit son cours ». Zwingli

Calvin écrit que les sacrements sont comme les béquilles qui aident un infirme à marcher; pour Zwingli, ils sont plutôt comme la croix huguenote que l'on porte pour indiquer qu'on est protestant.

« Nous savons aussi peu qui est Dieu qu’un scarabée sait ce qu’est l’homme ». Zwingli

Au Concile de Constance de 1414 où Jean Hus est brûlé comme hérétique, 700 prostituées sont enrôlées. Un siècle plus tard, Zwingli confesse qu’il ne parvient pas à réfréner ses penchants sexuels et fréquente occasionnellement des filles de joie. Mais il rejette fermement l’accusation d’avoir déshonoré une jeune-fille de la bonne société zurichoise, rumeur que ses nombreux ennemis font courir. Soigné par Anna Reinhart alors qu’il lutte contre la peste, il l’épouse après avoir fait abolir le célibat des prêtres, partageant les mêmes arguments que Luther : rien dans la Bible ne l’impose.

Habituée à se battre à l’étranger pour de l’argent, les soldats suisses sont moins disciplinés quand le conflit concerne leur propre pays. En 1528, leurs chefs catholiques et réformés qui cherchent à en découdre pour affermir ou affaiblir la Réforme peinent à motiver leurs troupes qui décident de partager une soupe au lait plutôt que de se battre. « La soupe au lait de Kappel » est l’un des mythes helvétiques de la coexistence pacifique entre cantons catholiques et protestants.

• Entre le XVème et le XVII^ème siècle, un habitant sur cent est accusé de sorcellerie en Suisse ;
• À Zurich, la Réforme supprime 30 jours fériés qui deviennent autant de temps supplémentaire consacré au travail ;
• À Genève, 1000 personnes vivent des revenus liés aux activités religieuses avant la venue de Calvin ; à sa mort, il n’en reste plus que 20.
• Après la Révocation de l’édit de Nantes en France en 1685, 150'000 réfugiés protestants débarquent en Suisse ou la traversent. Le pays compte alors un million d’habitants.

« La langue des Suisses me fait transpirer ». Luther

La Réforme en Suisse est un phénomène urbain. Dans les campagnes, on est soit plus conservateur ou plus révolutionnaire. Au XVI^ème siècle, Zurich l’industrieuse a moins besoin de revenus extérieurs que les cantons alpins dont la géographie freine le développement. La Réforme qui lutte contre le mercenariat ne réussit pas en Suisse primitive. Dans les campagnes, la Réforme génère des idées de révoltes. L’Évangile offre un programme révolutionnaire que veulent, chacun à leur manière, réaliser les paysans allemands ou les anabaptistes zurichois. Les uns et les autres sont vigoureusement combattus par Luther et Zwingli, conscients qu’une Réforme radicale risque de liguer contre elle les gouvernants et la classe moyenne en train de naître.

La plus importante ville de Suisse est le berceau de la Réforme. En 1523, le Conseil de la Ville adopte son programme établi par le prêtre du Grossmünster Ulrich Zwingli. Sa légitimation politique par un corps collectif lui donne une coloration différente de la Réforme luthérienne entérinée par des Princes individuels. Aujourd’hui un tiers de ses habitants se déclare protestant, trois fois plus qu’à Genève, grâce à son organisation étroitement liée au canton. Deux Conseillers fédéraux zurichois récents sont fils de pasteurs. Ils incarnent les deux ailes opposées du protestantisme: Christophe Blocher y représente son aspiration à l’indépendance radicale, Moritz Leuenberger sa vocation solidaire. Ville cosmopolite, Zurich a notamment donné naissance au Mouvement Dada en 1916 : résurgence souterraine d’un iconoclasme qui abattit d’autres idoles établies quatre siècles plus tôt ?

Biopic pour une série TV : Épisode 1. La mort au combat à Kappel, le corps écartelé, la crémation avec un cochon, son cœur récupéré et rapporté à sa femme Anna.
Épisode 2. La naissance dans les Montagnes du Toggenbourg, la scolarité à Vienne, la rencontre avec Erasme et les processions à Glaris où comme curé il promène les hosties pour faire venir la pluie.
Épisode 3. La Guerre : Marignan 1515, le jeune aumônier assiste les mercenaires, s’effraye des comportements, observe les ravages de la violence sur l’esprit des jeunes Suisses.
Épisode 4. Einsiedeln, l’amour clandestin avec une aristocrate, le passage à Zurich puis la peste attrapée en soignant des malades.
Épisode 5. Guérison, deuxième amour, avec son infirmière, les premières désobéissances dogmatiques, la rupture du jeûne avec des saucisses.
Épisode 6. Sa profonde amitié avec Félix Manz, leurs combats intellectuels (et physiques) pour la Réforme, la destruction des statues et des images, la rupture des deux amis et l’exécution par noyade de l’anabaptiste Félix sous les yeux consentants de Zwingli.
Épisode 7. La rencontre avec Luther à Marbourg, le prophète allemand face au paysan lettré, le moyen-âge contre l’humanisme, les débats houleux, le désaccord, Luther se frotte les mains en apprenant la mort de Zwingli, ou en perd le sommeil.