Adrien VI.
(Pape pendant 21 mois de 1522 à 1523) : « Nous reconnaissons librement que Dieu a permis cette persécution de l’Église à cause des péchés des prêtres et des prélats. En conséquence, nous mettrons toute notre application à commencer par améliorer la Cour de Rome, de laquelle peut-être est venu tout le mal. C’est d’elle que sortira la guérison, comme c’est d’elle qu’est venue la maladie. Nous nous considérons comme d’autant plus engagé à le faire, que le monde entier a soif d’une telle réforme ».
Anabaptisme.
Cette branche radicale de la Réforme naît dans le sillage d’Ulrich Zwingli à Zurich. Ses partisans considèrent qu’il faut se rebaptiser à l’âge adulte et inscrire dans la politique et la vie sociale les idéaux évangéliques. La persécution n’épargnera pas les anabaptistes qui, avec le Hollandais Menno Simon (1495–1561) trouveront un leader spirituel et un nom de … baptême. Les mennonites ont été profondément persécutés. Tolérés à condition de vivre au-dessus de 1000 mètres en Suisse, beaucoup ont émigré aux USA. Les Amish, groupe le plus conservateur du mouvement, y vit en préservant des modes de vie hérités de la culture bernoise du XVIIème siècle (dialecte, agriculture, codes vestimentaires). Capables de construire une ferme en un jour, ils désignent par tirage au sort celui qui prononce la prédication du dimanche.
Bâle.
Tauler, Erasme, Calvin, Castellion, Nietzsche ou Barth ont trouvé dans la ville rhénane un lieu d’où faire rayonner la recherche, le savoir et la culture. Passée à la Réforme sous l’impulsion d’Oecolampade en 1529, Bâle accueille nombre de réfugiés huguenots. Ces derniers contribuent notamment à l’essor de l’industrie chimique et pharmaceutique qui fait aujourd’hui sa réputation dans le monde entier. Ville d’imprimeurs réputés, la version en grec du Nouveau Testament établie par Erasme y paraît en 1516, une édition des 95 thèses de Luther moins de deux mois après leur rédaction en 1517 et la première édition de l’Institution chrétienne de Calvin en 1536.
Berne.
« Tiens bon et continue à apprivoiser tes ours sauvages », encourage le Zurichois Zwingli à l’adresse de Berchtold Haller, ami de Melanchton, émigré comme prêtre à Berne, et qui tente quelques essais de réforme dans les années 1520. Finalement, le Zurichois viendra lui-même en 1528 prêcher à la Cathédrale de la Ville qui deviendra réformée par la suite. Ce passage fut décisif car sans Berne, Vaud et Genève n’auraient pas passé à la Réforme.
Calvin.
On suppose que ce natif de Noyon en France (1509–1564) devient réformé à Paris vers 1533. Une année plus tard, il doit fuir son pays où les nouveaux convertis sont persécutés. Il s’arrête à Genève dont il est chassé en 1538 mais y est rappelé en 1541. Il y restera jusqu’à sa mort. L’organisation de l’Église et la définition de ses liens avec l’État serviront de modèles dans le monde entier. Ses adversaires prétendent qu’il a jeté les bases d’une théocratie. En fait, il veut soustraire au gouvernement son droit d’intervenir sur des questions de conscience et de religion.
Cantons.
Zurich (1523) est le premier canton à adopter la Réforme, suivi de Saint-Gall (1524), Les Grisons (1526), Berne (1528), Bâle (1529), Schaffhouse (1529), Neuchâtel (1530), Genève et Vaud (1536). À partir de la défaite des Réformés à la Guerre de Kappel, l’identité suisse se marque sur le plan confessionnel et influence durablement la politique du pays. Emancipés désormais de l’organisation romaine, les cantons réformés confient les questions religieuses aux autorités civiles et la fonction d’Évêque est reprise par des collectivités qui se prononcent alors sur la théologie, les mœurs ou l’enseignement.
« Ceci est mon corps ».
L’Europe chrétienne s’est déchirée violemment dès le XVIème siècle sur la compréhension de cette parole fondatrice de Jésus lorsqu’il distribue le pain et le vin au cours du dernier repas précédant son arrestation et son calvaire. Quand l’Eglise reproduit cette scène sur les injonctions de Jésus, plusieurs positions s’affrontent sur la question de savoir si le Christ est vraiment dans le pain et le vin. Les catholiques et luthériens l’affirment, les Réformés pensent globalement le contraire, insistant plutôt sur la commémoration du repas christique que sur la nature des espèces. Ces querelles d’interprétations entre catholiques, luthériens et réformés ont servi de prétexte à des luttes sanglantes, notamment dans la France de la deuxième partie du XVIème siècle puis au cours de la Guerre de Trente Ans (1618–1648).
Cheval.
Pour Luther, l'humanité est comme un paysan ivre à cheval: quand on la relève d'un côté, elle tombe de l’autre.
Chien.
« Nous méprisons Dieu comme nous le ferions d’un vieux chien qui somnole. » Zwingli
Comète.
En 1531, une comète traverse le ciel européen et suscite comme d’habitude des prédictions. Zwingli y voit le signe de sa mort prochaine, qui, effectivement, survient cette année-là. Pour les astronomes, il s’agit de la comète de Haley, réapparue dans le ciel de 1997. Elle reviendra en 2061.
Consensus Tigurinus.
En 1549, Zwingliens et Calviniens trouvent un accord à Zurich (ancienne patrie supposée de l’ethnie celte des Tigurins) pour consolider et unifier la Réforme des cantons suisses. Il faut en effet se rassembler: l’Empereur Charles Quint veut restaurer par la force l’unité traditionnelle de l’Église et aucun accord n’a pu être trouvé avec les luthériens. Une fois encore, les débats portent sur la présence réelle du Christ dans le pain et le vin de la cène. « Nous ne devons chercher Jésus-Christ, en tant qu’il est homme sinon au ciel », affirment les signataires dans un texte qui « officialise » la naissance de l’Église réformée suisse et la préservation de son unité doctrinale.
Conversions.
Zwingli attrape la peste en soignant ses paroissiens zurichois. Il promet de se consacrer exclusivement à Jésus-Christ en cas de guérison. Rétabli, il se convertit et épouse la femme restée à son chevet pendant sa maladie. Luther, lui, se consacre à Dieu en réaction à la terreur provoquée par un éclair, à l’image de Saint Paul. Calvin ne dit rien de sa conversion alors que Nicolas de Flüe se retire dans l’ascèse après avoir rêvé qu’un cheval broutait un lis.
Démocratie.
Si pour Zwingli, la Bible fait seule référence pour les questions de foi, elle ne donne pas de recettes pour l’organisation de l’autorité à l’intérieur de l’Église. Comment faire ? Pour élire un pasteur, un diacre ou un ancien, on consulte la communauté qui donne son avis sur tel ou tel candidat. Celui qui récolte le plus d’avis favorables est choisi. Le suffrage universel et la pratique démocratique naissent entre autre de telles pratiques. Dès le XIIIème siècle, l’ordre dominicain s’organise aussi de cette manière. La différence tient au rôle que joue le clerc dans la communauté. Pour les Réformés, tout croyant est « Pape, la Bible à la main » (Bossuet) alors que dans l’Église catholique, le prêtre est ordonné pour servir de médiateur entre le Christ et le fidèle.