Bien sûr que, vu les circonstances, il est normal de nous rapprocher de nos familles et nos amis, de nous inquiéter du sort des malades se trouvant dans des foyers pour personnes âgées, de même que de celui de la boulangerie et du restaurant du village. Mais, est-ce une raison d’oublier celles et ceux qui se trouvent un peu plus loin de nous ? Non ! Car tous ceux qui fuient la guerre, l’expulsion et la violence ont, en plus, à se défendre contre le coronavirus. Ceci alors même qu’il leur est impossible de se faire tester, de se mettre en quarantaine ou, une fois infectés, d’avoir accès à des soins médicaux appropriés. Leur souffrance n’a fait qu’augmenter.
Si cette pandémie nous a appris quelque-chose, c’est qu’une crise d’une telle ampleur ne peut être maîtrisée à un niveau purement national, qu’il s’agisse d’une pandémie ou d’un afflux de réfugiés. Un virus ne s’arrête pas aux frontières, auxquelles les personnes en fuite, par contre, sont constamment confrontées. Quelle que soit sa nationalité, son origine ou sa destination, un être humain reste un être humain.
Le monde a montré ce sont il est capable. La collaboration internationale et des moyens à la hauteur des enjeux ont permis de développer en un rien de temps des vaccins efficaces. En mobilisant des ressources beaucoup plus importantes, les États entendent amortir les conséquences sociales et économiques de la pandémie et atténuer la souffrance de leurs populations. Ne devrions-nous pas suivre leur exemple pour nous attaquer à celle des personnes en fuite ? Il suffirait pour cela d’une infime fraction des ressources affectées à la lutte contre la pandémie. Mais il faudrait avant tout une volonté, une attention et, surtout, de la compassion. De la compassion pour les faibles, de la solidarité ainsi qu’un altruisme que la Thora et la Bible nous donnent comme fil conducteur. Telle est la raison pour laquelle la Fédération suisse des communautés israélites et les Églises suisses lancent à la classe politique, de même qu’à la population, un appel les priant, malgré les difficultés actuelles, de faire preuve de compassion et de solidarité à l’endroit des personnes en fuite. Les inquiétudes liées à la pandémie ne doivent pas nous faire oublier, encore moins ignorer, la souffrance continuelle qu’éprouvent de par le monde les réfugiés.
Rita Famos
Présidente de l’Église évangélique réformée de Suisse EERS
Mgr Felix Gmür
Président de la Conférence des évêques suisses CES
Évêque Harald Rein
Église catholique-chrétienne de la Suisse
Ralph Lewin
Président de la Fédération suisse des communautés israélites FSCI