En raison du durcissement de la pratique de l’asile, un nombre toujours plus grand de requérants d’asile et de réfugiés est renvoyé vers les services étatiques d’aide humanitaire. Privées de l’accès aux offres de formation et aux initiatives d’intégration, dépourvues de permis de travail et logées en partie dans des centres souterrains ou isolés, ces personnes sont souvent amenées à vivre dans des conditions démoralisantes, sans perspective, et ce, durant des années. Au vu d’une telle détresse, l’Eglise constitue une interlocutrice importante pour ces personnes.
Les gens qui viennent en aide aux personnes en détresse risquent – souvent à leur insu – d’être poursuivis en justice, voire condamnés pour leur action. En vertu de l’article 116 de la Loi fédérale sur les étrangers et l’intégration (LEI), quiconque encourage le séjour illégal d’une personne d’origine étrangère est passible d’une peine. Même une aide régulière est punissable. Des paroissiens et paroissiennes et des pasteurs sont, eux aussi, condamnés pour être venus en aide aux requérants d’asile déboutés.
La Fédération des Eglises protestantes de Suisse s’oppose à la criminalisation de la solidarité humaine – autrement dit, l’aide pour des motifs honorables. Depuis des décennies, les Eglises et leurs membres accompagnent et soutiennent de diverses manières les personnes en quête de protection, et ce, sans imposer des conditions de droit de séjour. Peu importe que ces personnes soient reconnues en tant que réfugiés en Suisse, qu’elles soient temporairement admises ou qu’elles doivent quitter le pays.
La solidarité de l’Eglise envers les réfugiés et les requérants d’asile, contre laquelle l’Etat intente actuellement une action en justice, se fond sur une pratique d’asile dont la Bible témoigne. La pratique de l’asile ecclésiastique a traversé toute l’histoire de l’Eglise. « L’action ecclésiastique porte exclusivement sur la situation de détresse dans laquelle les personnes concernées se retrouvent, et non pas sur leur statut légal ou la couleur de leurs documents de séjour », affirme Esther Gaillard, vice-présidente du Conseil de la FEPS. La solidarité biblique ne s’arrête pas aux frontières du droit fédéral.
La Fédération des Eglises protestantes de Suisse lance un appel aux responsables politiques : il faut cesser d’entraver l’action solidaire des Eglises en faveur des personnes en détresse, mais au contraire protéger et appuyer celle-ci par des moyens juridiques.