Récemment, le Conseil de l’EERS a pris position sur l’initiative pour les glaciers et la contre-proposition qu’il a analysées d’un point de vue protestant réformé : Dieu est le Créateur et le conservateur du monde et de l’ensemble du vivant. Dans cette perspective, l’être humain n’est ni le centre, ni le but de la création, mais forme partie de cette dernière, en tant que créature parmi les autres. Selon la prise de position, « considérer le monde en tant que Création signifie l’avoir reçu non pas simplement pas comme monde qui nous entoure (Umwelt), mais aussi comme monde avec lequel nous coexistons (Mitwelt). La nature de créature se caractérise par l’égalité entre tous les êtres vivants. » En revenant aux idées du réformateur Ulrich Zwingli, le Conseil de l’EERS montre clairement qu’au sein de la Création, tous les êtres doivent se considérer comme bénéficiaires de ce qui est donné, afin que personne ne puisse avoir aucun privilège d’accès. Dans cette vision, tous les biens constituent un don qui revient à l’ensemble des créatures de manière équivalente. Dans sa prise de position, le Conseil de l’EERS expose également que la durabilité est indissociablement liée à la justice, tout en rappelant que l’EERS s’engage en faveur de la protection du climat depuis des décennies.
« La justice n’est pas seulement une question d’accès et de répartition en fonction des réalités et des besoins humains, mais elle inclut intrinsèquement l’ensemble du vivant. La durabilité doit devenir la caractéristique d’une culture au sens englobant du terme », est-il encore affirmé dans la suite du texte. Plutôt que de privilégier unilatéralement les êtres humains ou de mettre en concurrence les différentes créatures et leurs besoins, le Conseil de l’EERS évoque une évolution en direction d’une « logique communautaire qui permet la vie ». Selon la prise de position, la Création est constituée non seulement de l’ensemble des créatures qui existent, mais aussi de toutes celles qui existeront, et dont l’existence dépend ou dépendra de la nature.
Les opposants à la loi sur la protection du climat invoquent principalement l’argument du coût financier ; ils redoutent également qu’une telle loi implique des renoncements. Ces arguments sont trop courts : le mode de vie d’aujourd’hui privilégie unilatéralement la vie humaine et ignore les besoins des générations à venir. Le Conseil de l’EERS mise sur la vision biblique de la durabilité, qui n’est pas synonyme de renoncement, mais au contraire de « vie en plénitude ». « Une évolution durable ne présente ni stratégie, ni objectif intermédiaire, ni rien de ce genre, mais sa réussite repose sur l’inclusivité du concept, qui met la dimension écologique à égalité avec les dimensions politique, juridique, économique et sociale. »
Le changement climatique occasionné par l’être humain soumet la Création à une forte pression, et il est donc nécessaire de disposer d’un cadre légal efficace qui aide à mettre en œuvre les objectifs de l’accord de Paris sur le climat. Le Conseil de l’EERS soutient les préoccupations politiques qui sous-tendent l’initiative pour les glaciers ainsi que la contre-proposition indirecte, et il résume sa position en ces termes : « Le monde ne tombe pas dans la catégorie des biens dont les êtres humains en vie aujourd’hui peuvent jouir indéfiniment. […] La vision biblique sur le monde comme don de la Création oriente le regard sur ce que les créatures ne possèdent pas et ne peuvent pas se procurer, mais qui leur permet de vivre, tout simplement. Cette posture de gratitude ne peut pas venir de la sphère politique. Cependant, la position de respect à l’égard de la nature qui y est attachée s’exprime dans la contre-proposition indirecte et dans l’initiative. »